Article on Peter Coyote by Le Devoir on the show tv The Disappearance in 2017 - Inscris-toi gratuitement et surfe sans pub !
On l’a vu chez Spielberg (E.T. l’extraterrestre), chez Polanski (Lunes de fiel), chez Almodovar (Kika). Il a aussi flirté avec la télé (Commander in Chief, Brothers and Sisters, Perception). Écrivain, moine bouddhiste et fermier, Peter Coyote, 75 ans, affirme que la série The Disappearance marque la fin de sa carrière.
« Ceci est mon dernier film, vraiment. Il n’y a pas de différence entre le cinéma et la télévision, sauf pour le temps. Au cinéma, on tourne trois pages de scénario par jour ; à la télé, sept ou huit pages. À mon âge, c’est un vrai cauchemar. Je n’espère pas continuer, pas à cause des équipes et des acteurs, mais à cause de la pression. Quatorze heures de tournage par jour, c’est fou, alors je prends ma retraite », confiait-il dans un français délicieux lors d’une visite de plateau à l’ancien hôpital Royal Victoria.
Écrite par Normand Daneau et Geneviève Simard, réalisée par Peter Stebbings, The Disappearance a mis bien du temps à voir le jour. Ayant essuyé un refus à Radio-Canada, ayant raté leur chance à Série Plus lorsque la chaîne a changé de propriétaire, ils étaient plus qu’heureux lorsque Bell Média, grâce aux bons soins de Joanne Forgues des productions Casablanca, leur a donné le feu vert.
C’est ainsi qu’après sept ans d’attente, la série de six épisodes de soixante minutes sera enfin diffusée cet automne sur CTV et sur Super Écran : « Les deux versions seront diffusées en même temps. Ce qui est drôle, c’est qu’on l’a écrite en québécois, on l’a traduite en anglais pour la tourner, et elle sera doublée en français international pour passer ici… ça en dit sur qui on est », lance Normand Daneau.
Jamais sans mon petit-fils
Dans The Disappearance, Peter Coyote incarne Henry Sullivan, juge à la retraite, qui vit une relation compliquée avec son fils Luke (Aden Young de la série Rectify), un musicien, mais qui adore son petit-fils Anthony (Michel Riendeau) : « Henry est un homme d’une autre époque. Il est rigide dans sa mentalité, d’une intelligence supérieure ; il voudrait que les choses aillent à la vitesse où elles se passent dans sa tête », explique Geneviève Simard.
« Mon personnage a fait une grande faute, dont il a honte, il y a plus de 35 ans, poursuit Peter Coyote. Il est rattrapé par le destin, puisque c’est ce qui cause l’enlèvement de son petit-fils. Son attachement à son petit-fils est relié à cet événement du passé ; c’est plus que de l’amour, c’est de la folie. Il n’a pas fait le deuil de sa femme ; il est triste et fâché. C’est comme s’il était mort en dedans. Son petit-fils, c’est sa seule joie. Quand il disparaît, sa vie est bouleversée. »
Enquêteront sur la disparition du petit-fils la lieutenante-détective Susan Bowden et le sergent-détective Charles Cooper, incarnés par Micheline Lanctôt et Kevin Parent : « Quand on a commencé à écrire la série en français, notre personnage s’appelait Micheline, parce qu’on avait en tête Micheline Lanctôt,dévoile Geneviève Simard. Contrairement à d’autres séries policières, où l’on suit un duo de policiers et qui sont axées sur l’enquête principale, The Disappearance est vraiment axée sur la famille et en parallèle, il y a l’enquête policière. Au lieu d’être fédérateur, l’enlèvement exacerbera la relation conflictuelle entre Henry et son fils. »
« J’adore Micheline, elle est formidable ! s’exclame Coyote. Son personnage est relié à ce qui s’est passé 35 ans plus tôt. Henry et Susan se connaissent, mais je ne peux pas en dire plus… Je dois garder le silence ! »
Tragique thriller
Selon l’expression de Normand Daneau, The Disappearance est une tragédie grecque déguisée en thriller contemporain : « Dans la forme, je dirais que, sans prétention, on s’est inspiré beaucoup des tragédies. On retrouve des archétypes et les formes de la tragédie. Plus la série avance, plus on sent la mécanique de la tragédie qui embarque, plus les souvenirs refont surface, tout devient de plus en plus noir. Cela semble convenu au premier abord, mais le développement ne l’est pas », assure le scénariste.
« J’étais plus attiré par l’aspect psychologique, par le comportement des personnages, que par l’aspect thriller. Peu importe le rôle, je suis toujours un connard en costard. Quand je me regarde dans le miroir, je me trouve charmant et honnête, alors pourquoi c’est toujours à moi que les directeurs de casting pensent quand ils ont besoin d’un connard en costard ? » conclut à la blague l’acteur américain.