Critique du Quotidien du cinéma

La Rage au ventre

Moins d'un an après la sortie de son "Equalizer", passé quasi inaperçu dans l'hexagone, Antoine Fuqua remet les couverts avec "La Rage au Ventre" et montre qu'il excelle à réaliser des films riches, sombres et bourrés d'action. Son travail se ressent avec force dans le traitement à la fois intime et universel qu'il distille au fur et à mesure des longues minutes passées à composer ses atmosphères. 

 

C'est avec beaucoup de plaisir que l'on trouve dans le rôle titre un acteur dont la carrière brille et n'est pas prête de s'éteindre, à savoir Jake Gyllenhaal qui incarne ici un champion du monde de boxe dont le caractère violent et têtu va causer bien des ennuis. Inutile de vous dire que la performance est au niveau et même plus ! On retrouve également pour le premier rôle féminin une actrice qui le temps aidant se rapproche de plus en plus du devant de la scène (notamment cet été avec la parution de la deuxième saison de la série instantanément passée culte "True Detective"), j'ai nommé Rachel McAdams. Pour compléter ce trio alléchant, la figure paternelle qui aide le héros sur la voie de la rédemption n'est incarnée par nul autre que Forest Withaker (un acteur si talentueux qu'on pourrait presque se passer de commenter le génie de ses interprétations) et pour ceux que ça intéresse on notera la présence d'un Curtis Jackson (50 Cent) en manager véreux. 

 

Malgré le schéma classique du champion perdant son titre à cause de déboires personnels et luttant pour le récupérer on ajoute ici une forte composante émotionnelle avec le combat du personnage principal pour ne pas perdre la garde de sa fille.  Les scènes de boxe sont filmées avec soin et l'ensemble présente un divertissement de qualité.

 

Mon seul regret pour ce film est une séquence qui résout un enjeu majeur de l'intrigue en quelques minutes et de manière forcée à mon goût. Je parle évidemment de la transition entre le "non, ce sera sans moi" de Tick Wills entraîneur du champion, lorsque son ancien manager lui propose un match comeback pour récupérer le titre qu'il a perdu et le "c'est d'accord, du moment que tu fais ce que je te dis".  Le tout arrive trop vite et avec une justification plutôt molle mais quoiqu'il en soit, ce qui compte c'est avant tout que le phénix renaisse. C'est chose faite avec ce long-métrage poignant que rien ne devrait vous empêcher d'aller voir.